Il était tard, Bixrow attendait avec impatience le retour de Kanna partie chercher quelques bouteilles sans doute. Le sombre reflet des branches à travers la pièce donnait un air lugubre à cette chambre. On entendit quelques bruits, puis en regardant par la fenêtre Bixrow vu que ce n'était que de simples chats qui se battaient pour le peu de chair restant sur les arrêtes d'un minuscule poisson.

*Pauvres petites bêtes*

En se retournant Bixrow remarqua une petite feuille dans le tiroir entre-ouvert de la table de chevet. Il ne put s'empêcher de prendre cette feuille et de la lire. Il fut touché par le texte de Kanna. Ce n'était pas une lettre adressée à quelqu'un, c'était plutôt comme une page de journal intime. Elle avait écrit sur une frêle feuille notre rencontre. En voici un passage :

'' Et c'est seulement le lendemain, après notre petite cuite que je pris l'initiative de retourner le voir. Je le pris à part pour lui demander s'il était partant pour boire à nouveau avec moi. Il me répondit simplement qu'il était partant pour cela, mais aussi pour me voir en dehors de la guilde si je le voulais. Sa demande me retourna, j'en fis toute chamboulée. [ … ] Déjà une semaine qu'on se voyait régulièrement le soir, ce soir je lui ai donné rendez-vous dans une des chambres inutilisées pour lui faire part de mon avis sur notre amitié qui commence à évoluer. Je me demande comment lui se sent. Comment va-t-il réagir ? Et si jamais il se moque de moi ? J'écrirai demain le résultat de cette soirée. Il faut que j'aille chercher quelques bouteilles, j’espère être à l'heure pour lui''

Soudain la porte s'ouvrit. Kanna trouva Bixrow debout, la feuille à la main. Elle en rougit et prit un air timide. Bixrow se trouva désemparé face à la belle et ne pus s'empêcher de prendre son air ahuri. Il cacha la feuille derrière lui et demanda a fifi de partir la cacher discrètement. Il s'avança vers Kanna, désolé de sa curiosité et la serra fort dans ses bras, sans lui laisser le temps de prononcer un seul mot. Il s'excusa à son oreille pour la feuille et pour lui avoir fait attendre tout ce temps. Elle n'osa pas le serrer dans ses bras, elle resta immobile dans ceux de Bixrow.
Ils s’assirent sur lit et se servirent bon nombre de chopes. Bixrow n'en bu pas autant que Kanna, il aurait fini ivre mort et incapable de se contrôler. Ils rirent ensemble de bonnes heures. La fatigue commençait à se faire sentir. Bixrow regarda Kanna dans les yeux, posant sa main sur sa joue. Il la serra une dernière fois dans ses bras, avant de lui susurrer à l'oreille :

Bixrow fut très touché par les paroles de son amie. Peut-on encore l'appeler amie ? C'était une question qu'il était en train de se poser. Il pesa le pour et le contre, avant de secouer la tête et de se rappeler que son père n'était personne d'autre que Gildartz. Accepterait-il aussi facilement cela ? Il était indéniable que la jeune Kanna plaisait à Bixrow et si elle posait cette question ce n'était pas en vain car notre ami n'avait montré aucun signe d'amour pour Kanna. Il la regarda droit dans les yeux et vit à travers ceux-ci une mer, sûrement d'alcool, infiniment profonde et sublime. Il se rapprocha de la jeune mage et approcha ses lèvres des siennes. Il les effleura simplement et dit :




Il ne savait pas si c’était la boisson qui commençait à le réchauffer ou s’il tombait amoureux. Il se réconforta en se disant que c’était l’alcool mais il n’avait pas beaucoup bu, cette hypothèse tombait donc à l’eau. Bixrow ne savait pas comment réagir à ce moment précis. Il en avait trop fait pour reculer, mais n’osait pas aller plus loin. Et si la jeune femme n’avait eu que de simples doutes et voulait les contredire ? Bixrow prit son courage à deux mains et sans lui laisser le temps de répondre il l’embrassa. La réaction de Kanna fut surprenante et réconfortante. Elle appuya le baiser, un peu maladroitement à cause de l’alcool. Il était encore déboussolé de ce moment mais ne pensait plus qu’aux bons moments qu’ils pourraient passer ensemble. Il posa sa main dans le cou de Kanna et l’embrassa à nouveau. Maintenant c’était sûr et certain, il l’aimait.


Après avoir fini ce premier long et humide baiser il posa son front contre le sien et lui demanda :


Et sans lui laisser le temps de finir elle lui sauta au cou, laissant couler le long de ses joues quelques larmes de joie. Bixrow la serra fort dans ses bras et laissa s’échapper un soupir. Il était heureux. Cette personne avec qui il avait tant partagé, tant bu, tant rigolé se trouva être maintenant la personne qu’il aimait. Il fit sortir ses poupées de la chambre, comme pour monter la garde, et laissa s’échapper à l’oreille de la douce ces quelques mots :

« Je t’aime »